projets

ERE 21

2020
LieuTours, France
programmeParlement de Loire, bureaux, plateforme de recyclage des mobilités, supermarché équitable, cave biodynamique, guinguette, hébergements insolites, café vélo, forêt jardin
SDP totale9750 m ²
maître d'ouvragePole d'Arts Urbains (POLAU)
mandataireLog architectes
budget8 224 000 euros
équipeLOG architectes, Lise Moutard, Naïs Giovanazzi, Zefco bureau d'étude environnemental, Mathieu Torres illustration, Mauf Le Floch (POLAU), Apolline Fluck (POLAU), Frédérique Montjanel (pilotage financier), Patrick Henry (urbanisme), Olivier Yeme, Benoit Koenig, Ronan Brient, Le Troglo, Julien Langé, Alice et Nicolas Stadler (design), Dimitra Kanellopoulou urbanisme et illustration), Agathe Chiron (urbanisme transitoire), Raphaëlle Perron (paysage), Bruno Marmiroli (mission Val de Loire), Lolita Voisin (ENP), Eric Anton (artefactorylab)
2020

Le site « A10 » proposé par les organisateurs de l’API « Devenir Tours » est emblématique des ruptures de l’histoire à bien des égards.

A la frontière entre deux villes, deux réalités, deux paysages, deux vitesses, il incarne un fragment de ville disloqué par des décisions urbaines superposées dans toutes leurs contradictions.

Porte d’entrée dans Tours pour les voyageurs et commuteurs de l’A10 venant du nord, c’est une combinaison de deux parcelles construites sur le lit du canal reliant la Loire au Cher : l’une est un délaissé généré par les bretelles de sortie de l’A10 - incluant une bretelle désaffectée, l’autre est un parc au dessin incertain et décontextualisé. Le trafic routier y est omniprésent et génère de fortes pollutions sonores, visuelles et atmosphériques.

La nature artificielle du sol crée une forte différence altimétrique avec les quartiers environnants, installés sur des sols plus anciens, isolés les uns des autres par les voieries récentes qui agissent comme des digues routières infranchissables.

La nature programmatique hétérogène du projet est à l’image de ce contexte contrasté ; la forme architecturale qui en découle joue de cette composition complexe pour réunir sites, villes, vitesses et paysages. Le projet cherche avant tout à relier, à respecter les qualités existantes du site et du contexte et transformer les faiblesses actuelles en forces futures.

Le sol existant, bien que constitué de remblais, sera le moins possible impacté. Aucun sous-sol ne sera réalisé, les bâtiments de la parcelle Nord seront réversibles et facilement démontables. Les arbres existants nécessitant d’être enlevés seront conservés pour être replantés.

La parcelle sud, réminiscence de l’autoroute, accueillera un programme lié à la voiture, à l’activité, au commerce, pour progressivement apprivoiser cette temporalité et l’amener, via le site nord, jusqu’au paysage naturel de la Loire.

Ce premier bâtiment, la Plateforme de Recyclage des Mobilités, impose visuellement son échelle et sa masse aux voyageurs sortant de l’A10 ; majoritairement en structure bois, il abrite un supermarché bio coopératif, une cave à vin nature, un parking et des bureaux. Les automobilistes y pénètrent directement depuis l’A10 pour échanger leurs véhicules à énergie fossile contre des véhicules propres qui leur permettront de pratiquer l’ensemble du site, mais aussi de se rendre en ville. En plus de ses usagers quotidiens et permanents, le parking est aussi destiné aux voyageurs de l’A10 qui souhaitent faire une pause et entrer en contact avec les paysages de la Loire à cette occasion.

Sa géométrie est générée par la courbe de la bretelle d’autoroute existante ; elle est évocation de la vitesse et de la décélération mais encore de la forme de l’amphithéâtre de Tours aujourd’hui disparu. La structure, lisible en façade, s’inspire des colombages des constructions traditionnelles aux alentours. Equipement imposant, son échelle s’adresse autant aux habitants des quartiers avoisinants qu’aux automobilistes.

L’édifice est conçu pour être entièrement mutable : placé au premier étage, le parking est conçu pour s’adapter à toute autre fonction qui viendra le remplacer à terme, qu’il s’agisse de bureaux, de logements, d’équipements… Le système constructif basé sur le plan libre, la hauteur sous poutre, la profondeur des plateaux permettent cette évolution, les espaces pouvant tous bénéficier d’une belle luminosité et ventilation naturelle et d’un ajout de systèmes simples et robustes.

Depuis le parking, l’automobiliste peut emprunter un des vélos garés sous la grande trémie et se diriger vers la passerelle surplombant la bretelle de sortie au nord pour se diriger simplement vers les bords de Loire. Un parcours aérien, surprenant où la vue se dégage progressivement pour révéler la Forêt Jardin implantée sur la parcelle nord, puis l’ensemble construit du Parlement de Loire, enfin les quais, le bord de Loire et son restaurant Belvédère.

Utilisant le même vocabulaire structurel que la Plateforme, le Parlement de Loire s’adapte à l’échelle du quartier et s’implante de manière plus classique, le long des voies existantes, à l’alignement Evoquant un centre bourg, il se découpe en trois bâtiments de tailles et de fonctions variées. Le plus au sud abrite une partie des hébergements insolites de Benoit Koenig ainsi que ses équipements sanitaires et des ateliers destinés à la fois au jardin et à la recherche.

Le bâtiment central est le cœur programmatique du projet. Il contient un vaste volume capable de plus de 8m de haut, le Parlement de Loire qui pourra accueillir une grande variété d’évènements – des conférences, des projections, des expositions, des spectacles, des ateliers éducatifs…. Le Parlement de Loire se prolonge par une cantine et une Tour Observatoire, servant aussi de signal visible depuis l’autoroute et de support à des interventions artistiques à venir. Il s’ouvre entièrement sur une cour gradinée, arborée, l’agora, espace extérieur d’expansion des activités du parlement.

Le dernier édifice, plus petit, est un café vélo incluant un atelier de réparation. Il est un lieu de passage, point de départ et d’arrivée, il accompagne les voyageurs sur leur chemin, les plus petits dans leur découverte du vélo qu’ils viennent de la plateforme ou du parcours EUROLOIRE.

Une fois arrivé au sol depuis la passerelle, le voyageur se retrouve face au restaurant guinguette Belvédère. Toujours à partir du même vocabulaire formel, cette structure en bois, légère et saisonnière, ouverte et démontable permet au voyageur de se restaurer en admirant le paysage naturel qui s’offre à lui et joue sur des temporalités complémentaires à celles du café vélo.

A proximité, le long des murs de soutènement, dernière traces construites de l’ancien canal, des Hébergements Insolites, eux aussi démontables, offrent un abri aux promeneurs en vélos, aux voyageurs fatigués, aux habitants tourangeaux souhaitant passer une nuit exceptionnelle au bord de l’eau. Quelques une de ces cabanes sont également construites sur des plateformes flottantes accessibles par un long ponton.

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